En parallèle et en complément de mon activité de comportementaliste animalier, je suis également éducateur canin.
Je travaille uniquement avec la méthode de conditionnement par le renforcement positif et la punition négative, autrement dit « récompense du comportement attendu et ignorance ou opposition passive au comportement non désiré ». Je suis convaincue du bien-fondé et du succès de cette méthode qui respecte l’individualité du chien et la réalité canine.
Ce type d’éducation remporte généralement un vif succès dans la théorie mais dans les faits nombreux sont les propriétaires qui s’interrogent sur la fiabilité de la méthode.
Je me suis alors interrogée sur les raisons de ces contradictions et voilà ce que j’en déduis :
Les propriétaires qui ont envie ou besoin d’éduquer leur chien sont réceptifs au discours sur la méthode qui refuse toute violence et emploi d’outils coercitifs (colliers étrangleurs, torquatus (coliers à pointes) ou colliers électriques). Cela renvoie une image flatteuse de « Bon Maître » soucieux du bien-être de son chien. Les valeurs morales qui sont véhiculées tels que le respect, la confiance et la complicité remportent l’adhésion et donnent bonne conscience.
En pratique, chez certains clients, fort heureusement pas la majorité, arrivent le questionnement, la remise en cause, le doute sur la méthode positive mise en oeuvre. J’énonce alors à nouveau les arguments évoqués ci-dessus en ouvrant le dialogue afin de comprendre ce qui induit le doute…
Les réticences le plus souvent exprimées sont l’utilisation de la friandise :
« Evidemment qu’il obéit pour un morceau de jambon mais est-ce qu’il comprend qu’il doit marcher au pied ? » ou « Chaque fois que je sors promener le chien il faut que je remplisse mes poches de friandises, c’est inenvisageable. » ou « A ce rythme il va grossir. » ce à quoi je réponds respectivement « Non, mais votre chien apprend que le fait de se rapprocher de vous (propriétaire) (marche en laisse, rappel, etc…) est source de plaisir et que se créera à terme une association positive de proximité », « Oui, au début, afin de favoriser et d’accélérer l’apprentissage, puis la friandise deviendra plus aléatoire même si je déconseille de l’abandonner totalement » et enfin « Non car il est important de rééquilibrer les rations en fonction de la quantité de friandises distribuées ».
Toutefois, j’avais l’impression que la friandise n’était qu’un prétexte et il s’avère, en poussant la discussion, que les réels motifs, énoncés ou sous entendus, sont moins matériels qu’idéologiques. En effet les objections sur la méthode R+ P- portent sur :
– Une exigence de résultats rapides,
– Le poids du regard et du jugement de l’entourage adepte ou ne connaissant que la méthode « traditionnelle »,
– La méconnaissance du chien et de ses besoins,
– La nécessité d’une plus grande implication,
– Le fait que la méthode positive soit peu interventionniste.
Il semblerait effectivement que l’Homme puisse être impatient, influençable, peu documenté, peu enclin à faire des efforts et qu’il se sente plus efficace dans l’action, c’est culturel. Aussi tirer violemment sur la laisse afin de ramener le chien au pied est d’une efficacité immédiate et dénote la maîtrise et le pouvoir de l’Humain sur le chien, personne ne se demande alors si le chien comprend qu’il doit marcher au pied.
Il est parfois décourageant d’avoir à défendre une méthode de travail dont l’efficacité n’est plus à prouver, qui respecte l’intégrité physique et émotionnelle du chien, qui se déroule sans conflit et qui développe une relation qualitative basée sur la confiance et la complicité.
Le dernier argument que j’invoque, et non le moindre, est de demander au propriétaire de choisir quelle relation il veut instaurer avec son animal et qu’il a le choix d’activer les ressorts de plaisir et de confiance pour une relation complice ou ceux de la peur et de la douleur pour une relation de force.
L’adoption d’un chien se doit d’être un acte réfléchi et le choix de la méthode d’éducation pour lesquelles vous opterez devra être objectif alors n’hésitez pas à prendre le plus de renseignements possibles issus de sources diverses et variées afin de vous faire votre opinion.
Cécile CHAPELON, le 27/02/2015